du 02/07 au 02/08/2014

 

Laure Lernoux

Pour cette exposition, Laure Lernoux présente à la fois des travaux sur plâtre et sur papier. Dans les deux cas, c’est la tension des dépôts avec les limites du format qui marque. Le dépôt n’est jamais là « pour lui-même », et si Laure Lernoux accorde une très grande importance à la « texture », à l’effet de la rencontre de la peinture avec le matériau (soigneusement choisis et décidés), c’est toujours dans le souci de cette tension.

Dans les papiers, la limite est une coupe; coupe remarquée soit dans l’arrêt du dépôt par la réserve, soit dans les « gondolements », effet de l’imprégnation de la couleur dans le papier. Dans les plâtres, la limite est l’arrêt de la coulée de plâtre, en deçà ou par delà les bords d’une planche ou d’une feuille de papier peinte. La couleur est saisie dans le plâtre : le format, ici, devient le dépôt.

A chaque fois, les travaux de Laure Lernoux témoignent d’une interruption : interruption du format, tendu jusqu’à ses limites par le dépôt, et interruption de la couleur devenue limite par l’ « épanchement » du plâtre.

Filipe Courbois

du 02/07 au 02/08/2014

 

Filipe Courbois

Les travaux que Filipe Courbois a sélectionnés pour cette exposition (papiers coupés, tissus tendus sur châssis, assemblages) témoignent de plusieurs années de travail. On peut dire de la plupart d’entre eux qu’ils s’obstinent à indiquer la coupe colorée de leur format.

Dans les tissus tendus sur châssis, le tissu—non peint—est choisi pour sa couleur (non seulement pour sa teinte, mais aussi pour sa maille, sa texture, sa manière présumée de prendre la lumière). Tendre revient ici à couper dans la couleur. Le dépôt, brisé par l’arête du châssis, travaille avec l’épaisseur de la tranche.

Laure Lernoux.

On devine ici l’impact des poétiques processuelles, non celles qui se fondent sur un principe d’extension sérielle ou toute mesure est perceptible et quantifiable – dans le post-minimalisme pour les arts plastiques ou dans la musique sérielle—, mais celles qui se fondent sur la négativité de la déchirure, de l’entaille, de la découpe, ou encore sur l’ouverture, la destruction, le déplacement et la recomposition des multiplicités. En musique, ce serait le free jazz et le « groupe » de Darmstadt14.

Il n’empêche, et comme le suggère ce parallèle avec la musique, un principe d’unité ou de totalisation provisoire15 s’impose puisqu’à un moment il y a interruption du travail et œuvre, même si celle-ci ne s’expose pas comme une totalisation signifiante absolue, quantifiable et épuisable par le langage (puisque, comme je l’ai pointé, tout n’est pas visible). Et c’est cette dimension de totalisation provisoire qui semble retenir le plus [… et Filipe Courbois. Tristan Trémeau (catalogue de l’exposition « Acht Zeichner aus Belgien », Das Emschertal-Museum, Herne).

Notes :

14. Symptomatiquement, le saxophoniste et compositeur John Zorn lance régulièrement dans ses concerts « Déchirer la place ».
15. J’emprunte cette notion à Carl Einstein, Georges Braque, Bruxelles, La part de l’œil, « Dyptique », 2003 (Paris, 1934).