du 13/01 au 20/02/2010

Edith Gilbert traduit de façon insigne à la fois la fusion et la rivalité du concret et de l’abstrait. Image pure. Tant les formes asservies relèvent simultanément de la trace et de l’alphabet qui s’y révèle au cours de l’exploration visuelle. On assiste donc face à ces photographies à un décryptage dont la forme émergente manifeste le passage de la texture au signe.

Ce qui frappe dans ces œuvres c’est l’impossibilité de catégoriser les formes présentées dans une dimension d’espace permettant de définir avec certitude s’il s’agit d’un objet ou d’un processus fuyant saisi dans une de ses métamorphoses. De telles images qui ont été saisie par l’artiste, ne représentent en réalité pour celui qui les regarde qu’un moment partiel d’une matière en transformation continue.

Ainsi dans ces images il semble que l’on ait à faire à la transformation partielle d’un phénomène saisi dans un de ses moments expressifs. L’inspection d’un de ces espaces semble ne montrer qu’une phase d’un événement beaucoup plus vaste dont l’artiste a bien voulu nous livrer une phase particulière. L’épanouissement d’une immense fleur qui s’inscrit dans les sables ou la simple trace d’un sable balayé par le vent. Ailleurs, on repère les empreintes d’un animal inconnu trahissant l’incertitude de ses appuis. Même impression dans un espace qui semble divisé par des forces divergentes d’une rare puissance Les descriptions que suscitent les images d’Edith Gilbert sont autant de développements thématiques susceptibles d’être différents, voire contradictoires d’un observateur à l’autre. Aussi bien, la structure de ces œuvres est elle à la fois contraignante et extrêmement libre: la série de ces visées inattendues peut donc s’ordonner dans des sens très divers. On a donc à faire ici à un art capable de significations multiples, voire divergentes dans lequel la part de l’observateur et celle du créateur sont appelées à se compléter perpétuellement.

C’est sans doute le privilège de la grande artiste qu’est Edith Gilbert de proposer au spectateur des formes inattendues qui peuvent selon le cas, figurer comme des profils d’objets ou comme les signes d’une écriture encore inconnue.

Georges Thinès

Photos du vernissage